Le Rapport WBTi France dévoile que nous atteignons tout juste 47,5 % pour les indicateurs internationaux 1 à 10 qui servent de base à l’évaluation. Le score total (indicateurs 1 à 15 ) =
74,5 points sur 150.
Les raisons ? Elles sont nombreuses, notamment
- Le Rapport 2010 “Allaitement - plan d’action” (communément appelé Rapport Turck) n’a pas été mis en oeuvre
- La France ne tient pas compte de l’allaitement dans sa politique de santé alors que la nutrition est présentée comme un facteur clé dans la Stratégie globale pour 2018-2022
- Les femmes qui désirent allaiter (70%) sont généralement mal ou insuffisamment accompagnées et les projets d’allaitement s’arrêtent souvent plus tôt que souhaités.
- La signature de la Déclaration d’Innocenti par la France en 1990 (sic!) n’a pas donné lieu à la création d’un Comité national d’allaitement.
- Les bénéfices de l’allaitement sont difficiles à chiffrer (comme la santé est difficile à définir) : c’est l’absence de maladie. Quel est sont coût ?
- On présente souvent l’allaitement comme un avantage, alors qu’il s’agit du standard de nutrition des bébés jusqu’à 6 mois et au-delà, et le lait maternel est le standard pour notre espèce.
- En France, on est pudique à présenter les laits artificiels pour ce qu’ils sont : des produits hautement transformés se basant principalement sur le lait d’une autre espèce : la vache.
- En France, on confond informer sans biais et sans complexe, avec “forcer les femmes à allaiter”. Les femmes et les parents sont des adultes, on peut les informer sur l’allaitement aussi scientifiquement et avec la même transparence qu’on informe sur l’intérêt de consommer 5 fruits et légumes par jour, ou de faire 30 minutes d’activité physique. La décision finale leur incombe.
- Le biais concernant l’impact de l’allaitement sur la santé provient aussi de la présentation des statistiques (la base est l’enfant non allaité) et de la définition de l’allaitement.
Pour avancer, le Rapport WBTi France a dégagé 15 mesures clés
- · Créer le Comité national pour l’allaitement, conformément à la Déclaration d’Innocenti (1990) avec des fonds alloués pour une politique cohérente sur la durée.
- · Accorder le haut patronage du Ministère des solidarités et de la santé à la SMAM et aux congrès tels que les Journées régionales, nationales et internationales de l’allaitement (JIA, JNA, JRA).
- · Renforcer la formation initiale pour l’accompagnement à l’allaitement – théorique et pratique - pour tous les professionnels de santé intervenant en périnatalité.
- · Créer des postes dédiés à la consultation d’allaitement dans les maternités - ne pas se contenter de former les professionnels, mais aussi leur donner un temps dédié et les détacher pour les accompagnements à l’allaitement dans les services.
- · Formuler des objectifs clairs pour les taux et la durée d’allaitement, avec un suivi continu et une évaluation adéquate.
- · Adopter les indicateurs EuroPeristat et OMS pour le recueil des données statistiques françaises.
- · Etendre la législation en rapport avec la transparence sur les liens d’intérêt aux entreprises et produits agroalimentaires.
- · Allonger le congé maternité à 6 mois, pour toutes les femmes et dès le premier enfant.
- · Former toute personne en contact avec la mère et son bébé à l’allaitement pour pouvoir donner des informations utiles, pratiques et valorisantes (voir indicateur 5).
- · Promouvoir la démarche IHAB qui est à la fois un projet d’équipe fédérateur et un label qualité pour bien accueillir la famille et son bébé, et l’étendre à toutes les maternités.
- · Créer une société « bienveillante » pour l’allaitement par des spots télévisés, des affiches, des coins confortables maman-bébé.
- · Valoriser l’implication des associations engagées dans le soutien à l’allaitement : c’est un pan dynamique de la société, avec des personnes motivées et souvent bénévoles.
- · Donner une information claire et non biaisée sur la qualité du lait maternel et les enjeux de santé pour la mère et l’enfant.
- · Protéger l’allaitement en situation d’urgence (catastrophes, crises, migration etc.) car c’est un atout pour la santé. De bons documents d’information et des modules de formation existent, les responsables des cellules de crise peuvent s’en inspirer.
- · Respecter le choix des femmes et des familles d’allaiter ou pas, et les accompagner dans leur décision avec un soutien de qualité.
« A chacun son chemin »
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